Catherine Testa, auteure des livres « Osez l’Optimisme ! » et « Oser être soi… même au travail », est convaincue que la société ne peut changer que par l’engagement individuel et de chacun.
En 2016, cette entrepreneuse engagée fonde L’Optimisme.com, premier site d’initiatives positives en France suivi par plus d’un million de personnes. En 2017, elle s’intéresse au monde du travail avec L’Optimisme.pro, think-tank orienté autour du bien-être en entreprise.
Il nous a paru intéressant d’interroger Catherine Testa sur la façon dont elle a appréhendé cette période singulière que nous vivons actuellement. Nous la remercions d’avoir consacré quelques minutes à cet échange.
- Entre privation de liberté, syndrome de la cabane….nous avons été soumis à des tempêtes émotionnelles puissantes. Que vous inspire cette période inédite que nous traversons ?
Tout d’abord, on peut souligner que nous avons été inégaux dans la façon de vivre cette période. Tous les individus n’ont pas le même goût pour la liberté, n’ont pas la même adaptabilité au stress. Ce vécu a donc été très individuel.
Certaines personnes ont très bien appréhendé le confinement. Les introvertis notamment d’où le syndrome de la cabane. Pourquoi retrouver la réalité précédente avec son lot de contraintes : les trajets à effectuer, l’organisation de la journée, les normes sociales à respecter ? Il y a une certaine forme de culpabilité à vouloir rester dans cette bulle car on peut passer pour un fainéant ou un associable, ce qui est contraire aux valeurs en vogue aujourd’hui.
Le déconfinement est maintenant amorcé. Toutefois le retour à ce que l’on considère être la normalité n’est pas pour tout de suite. Les chefs d’entreprises, les managers vont devoir faire preuve de compréhension, de tolérance. Le confinement a été très violent de par sa soudaineté et du fait de nouvelles habitudes de travail qui ne sont pas ancrées en France, comme le télétravail. Le manager doit gérer la confiance et veiller à créer du lien car le danger est l’inégalité des salariés face à cette nouvelle autonomie qui n’est pas dans la norme.
Cette crise a permis également de réfléchir à un sujet important : la culture du risque. L’incertitude dans laquelle notre monde est entré va durer des années. L’empreinte sera forte car l’homme n’oublie pas facilement. En France, il y a dichotomie entre la demande de sécurité des salariés et l’incertitude permanente dans laquelle vit l’entreprise. On peut regretter que le système scolaire français soit vecteur de déresponsabilisation, notre pays garantissant une sécurité forte. Contrairement aux Etats-Unis où l’agilité, l’adaptabilité, le rebond est la norme. Les entreprises qui ont réussi pendant cette crise à « pivoter », à rebondir ont pris de l’avance.
- Les français ont plutôt un tempérament pessimiste. Comment surmonter l’incertitude et la peur, sentiments prédominants pendant cette crise ? Et l’optimisme est-ce inné ou acquis ? Comment changer de lunettes sur le monde et sur soi ?
Il y a des personnes à qui la mélancolie va bien tels que les poètes ou des salariés en charge de la prévention des risques par exemple. Et l’incertitude doit être accueillie car la peur est là. Nous devons à apprendre à la gérer pour regarder positivement notre monde et notre vie. Tous ceux qui créent la société sont pour moi des optimistes.
L’optimisme c’est 60 % d’inné et 40 % d’acquis. Il est possible d’y être éduqué. Le travail, le social (ce qui permet de nous ouvrir), le sociétal (je participe à plus grand que moi pour la société) sont des piliers sur lesquels repose une partie de nos existences. On doit les appréhender sous un angle positif. Par ailleurs, il est important que le faire soit valorisé au détriment de l’être.
Chacun aura constaté que la crise a remis du sens dans différents métiers. Ce qui a été le cas pour les commissaires aux comptes et experts-comptables. Ils ont eu un rôle sociétal qui est à souligner, en soutenant entreprises et salariés.
- Le monde du travail quel que soit le secteur d’activité est chamboulé par cet évènement. Comment retrouver un équilibre, notamment entre l’omniprésence du numérique et l’humain ?
Pour éviter la déshumanisation que pourrait engendrer une bascule vers le tout numérique, il faut travailler le lien. Avec notamment un management collaboratif, un management qui favorise la diversité, qui permet à chaque talent déniché de trouver sa juste place. Un management qui oeuvre en toute humilité.
Quoiqu’il en soit, rien n’est binaire. Toute évolution sociétale tels que le télétravail, l’usage des réseaux sociaux doit être analysée avec recul. Et puis chacun peut agir à son échelle et contribuer à sa façon face aux changements qui se présentent à nous. En ayant en tête notre temporalité, qui est du court terme.
En conclusion, je rappellerai que la richesse de notre monde est dans l’être. Et que les machines si elles sont utiles à notre quotidien doivent restées des outils.
Pour aller plus loin :
« Oser être soi, même au travail » disponible en librairie :
« La France bouge » sur Europe 1 cet été dans l’émission de Raphaëlle DUCHEMIN
Deux sites internet :